Revue de Presse
Le quotidien Flash Infos Mayotte a pulblié le papier de Archimède SAÏD RAVOAY citoyen habitant de Kani Kéli :
TOUS CONTRE LA VIOLENCE À MAYOTTE, L’EDUCATION POUR TOUS, COMME SEUL ANTIDOTE
Stoppons de dire "des jeunes", arrêtons de parler de la "jeunesse" abusivement ! La situation est plus que préoccupante dans notre île, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Ce ne sont ni les lois, ni les élus, ni le Préfet, ni les Gendarmes, ni les Policiers, ni les Militaires, ni le recteur, ni les cadis, ni l’état... qui pourront arrêter la montée de violence sur notre territoire.Nous le voyons, que nous sommes partis du mauvais au pire. Il y a quelques années, on parlait de gens raquetés ou dépouillés, insultés par des enfants incivilisés, et aujourd’hui des gens sont tués, alors que l’effectif des forces de l’ordre augmente sans arrêt. Nous voyons bien que, plus nous aurons des gendarmes, des policiers, des militaires, plus nous ferons des enfants violents, plus nous serons en insécurité.
Nous avons besoin de vivre en toute sécurité, la paix doit revenir dans nos cœurs ! Nous constatons tous avec justesse, qu’il nous a manqué́ un projet de société au cours des 30 dernières années. en même temps que nous revendiquions Mayotte département français pour plus de paix, nous devions construire notre projet de société.
La sécurité, c’est bien l’affaire de nous tous, nous devons agir collectivement pour réussir. aujourd’hui si nous sommes tous mobilisés pour ramener la sécurité de façon pérenne, pour vivre en toute séré- nité, ensemble, disons non aux objectifs uniques de solutions palliatives. L’éducation ne doit pas être comparée à une intervention chirurgicale.
Nous sommes capables et nous avons les possibili- tés. combien nous sommes solidaires, regardons- nous lors de nos manifestations nées de ces événements cruels, toutes les communautés résidant à Mayotte se retrouvent, sans distinction quelconque, mais aucune ! Alors, trouvons, inventons quelque chose de commun ensemble, ce serait notre arme pour combattre cette violence : l’éducation de nos enfants dès le plus jeune âge, et ce, de façon ascensionnelle.
Cela est possible et ne nous voilons pas la face. combien de jeunes filles, entre 11 et 20 ans, que ce soient enfants anjouanaises, mahoraises ou enfants de personnes clandestines quelconques, avions-nous vues casser des voitures, caillasser des bus ou des forces de l’ordre ? Combien de jeunes filles avions-nous entendues participer à des bastons en inter villages ? Combien de jeunes filles, avions-nous vues dans les barrages, dans la rue à des heures tardives ? Soyons tranquilles, nous avons le droit et le devoir de donner autant à nos enfants filles qu’aux garçons. Voilà comment les anciens réussissaient l’éducation de leurs enfants ! C’est parce qu’ils ont reçu un bain de cultures au travers des pratiques d’activité quotidienne fami- liales, des valeurs sociétales : le respect, l’entraide, la solidarité, la non violence, le sens de l’engagement dans leur vie, le sens du bien commun... Si nous voulons aussi imiter et faire comme les français, allons-y, faisons-le sérieusement, et sachons qu’il est quasiment impossible de voir un petit mzoungou dans la rue sans être accompagné par un parent ou un adulte. Nous avons le devoir de leur présenter l’espace public et de les accompagner dans leur prise de responsabilité citoyenne.
Bien sûr, que nous devons nous protéger aujourd’hui et maintenant, contre ceux qui agressent, qui commettent des crimes gratuitement, qui violentent, pour les empêcher de continuer à le faire... Nous devons être solidaires, très forts car le phénomène est profondément enraciné dans les différents espaces de vie sociale.
Nous avons donc besoin de canaliser ces enfants qui sèment la terreur aujourd’hui et mettre le paquet dans l’éducation pour les tout petits et ceux à venir. Il n’est jamais trop tard de bien faire.
Mettons-nous du sens dans notre mobilisation collective ? Si nous parlions des enfants, un enfant ne nait, ni violent, ni caillasseur de bus, ni agresseur d’adultes dans son chemin, encore moins de gendarmes ou de policiers...
Il va nous falloir du temps et de l’engagement collectif pour défier durablement la violence, réactivons nos compétences sociales, cultuelles en matière d’éducation.
Le maire de Mamoudzou est en train d’apporter une des réponses, que beaucoup trouvent violente certes, mais ça en est une, pour commencer parce que ça alerte !
Les parents mettent l’enfant au monde, le font grandir, présente l’enfant au monde et le monde à l’enfant. Puis les parents l’emmènent à l’école où il doit découvrir qu’il y a des enfants qui ne sont pas comme lui, il va agrandir son cercle social, comprendre des choses, que les autres enfants ne sont pas comme lui, ne parle pas comme lui, ses caprices ne font pas la loi partout.
Dès maintenant, la complémentarité des acteurs de l’éducation est indispensable. osons réaffirmer avec tout autant de vigueur que les parents sont les premiers à pouvoir faire réussir les enfants, à pouvoir combattre efficacement la violence ! D’où, accompagner son enfant à l’école est une responsabilité et un devoir des parents : cela permet la continuité des interactions vécues à la maison, inéluctable dans l’éducation. Les parents sont les passeurs de culture, de valeurs.
Il n’est jamais trop tard de bien faire. Allons-y, re inventons des modes de pratique sans rester sur "faisons comme les anciens pour éduquer" ! Fuyons également les discours stériles et démagogiques pleins d’ambigüité, de certains élus et de certaines institutions, et qui tendent à nous faire comprendre que les mahorais n’étaient plus chez eux et leur donner envie de quitter l’île pour aller mieux vivre ailleurs. L’éducation, elle est bonne ou mauvaise. nous devons constater que parfois, elle est très mauvaise quand des responsables de notre île, des élus et des institutions publiques, nous laissent comprendre qu’en barrant la route, nous aurons immédiatement ce dont nous revendiquons, voilà un exemple qui illustre bien le sens de l’éducation. Rappelons-nous de l’époque des adages à tout va, les enfants du juge, ‘‘il suffit d’un rien que tu dises à ton enfant pour que tu sois poursuivi, jugé et emprisonné’’. C’était faux, mais des responsables l’ont laissé graver dans la tête de beaucoup de mahorais et c’était devenu la mode d’expression pour certains adultes qui ne voulaient pas assurer leurs responsabilités ou devoirs vis-à-vis de leurs enfants... Alors que c’est vrai, les personnes qui ont maltraité, qui ont fait subir des tortures, des châtiments abusifs à leurs enfants, ont été arrêtées, jugées et punies.
Voilà, aucune loi, ni de la république française, ni de l’islam, ne nous interdit d’éduquer et de protéger nos enfants. la paix doit venir de notre intérieur, devons-nous partir vivre malheureux dans un autre coin de france ? ‘‘Personne n'est heureux de quitter sa terre natale’’.
Personne n’est étrangère sur la terre, la France est un pays, une nation, un état de droit, tous les enfants dont les parents vivent dans cette île, doivent recevoir une éducation, ils doivent faire société avec tous les autres enfants du territoire français de Mayotte. Voilà comment nous allons réussir à combattre collectivement la violence.
Alors, disons-nous que nous avons tous le droit et le devoir d’éduquer nos enfants ! Ne cédons pas aux caprices de nos enfants depuis tout petits, permettons leur d’apprendre de nous ce que c’est la vie, la démocratie... Ne confions pas nos enfants aux commerces, plus nous favoriserons la société de consommation, plus nous attisons la monté de la violence et à la criminalité.
Il n’est jamais trop tard de bien Faire.
Allons-y, combattons durablement la violence en utilisant une démarche plus intelligente. nous allons réussir bien sûr, nous avons besoin de nous engager collectivement. en évitant les mesures palliatives, nous nous inscrivons dans un processus à défier le fléau depuis ses racines.
Nous avons tous été flingués, depuis les 2 derniers événements (2 mineurs assassinés sur le chemin de l’école) Mtsangadoua et Kavani. Cette violence a pris une telle ampleur que ces enfants n’ont plus peur de saigner, d’égorger, de tuer devant des témoins et en plein jour. L’impact de tout cela a atteint un certain niveau d’intolérance dans notre vie !
Pour tous les meurtres de ces derniers temps, Labattoir, Koungou, Mtsangadoua, Kavani Mamoudzou, il s’agit bien d’agression préméditée commise dans le but de satisfaire des pulsions négatives d’une bande dont ils auraient honte. Alors, cette extrême violence devient un jeu pour ces gamins, le besoin de se satisfaire des images des réseaux sociaux, car n’ayant pas d’espaces pour pratiquer des activités socioculturelles avec des acteurs formés. Bien sûr 3G, inernet, le haut début à la maison, permettent d’abreuver de cette substance virtuelle licite qui imbibe le cerveau de nos enfants sous nos regards d’adultes bienveillants. Alors, en toute conscience, cette violence constitue quasiment leur personnalité.
Maintenant c’est à nous de changer nos comportements pour combattre le fléau, ensemble nous allons vaincre !
Il n’est jamais trop tard de bien faire, passons à l’action pour cette cause noble.
Pendant que les aînés sont face aux forces de l’ordre, nous parents, adultes, prenons en charge l’éducation des plus petits et ceux à venir. Si nous ne les laissons pas gérer la place publique à leur guise depuis tout petits, ils pourront éviter l’affrontement avec la police ou la gendarmerie. Nos enfants ne doivent pas grandir dans les affrontements et le désœuvrement.
L’éducation est un enjeu de société et un défi à relever pour notre territoire, si nous voulons réussir. la réussite scolaire demande un plan d’envergure pour une mise à niveau. parents, enseignants et élus, partagent ce fait. sans éducation, il n’y a pas de projet de société.
Mais l’éducatif c’est aussi l’ensemble des activités complémentaires à l’école. Et ce secteur est aujourd’hui beaucoup trop faible, il reçoit trop peu d’attention ou de moyens. Les enfants et leurs parents doivent pouvoir pratiquer ensemble des activités à la maison, ils doivent avoir accès à des activités organisées, culturelles, de loisirs éducatifs de qualité, diversifiées. Ce sont les fondements de l’éducation, ce sont des activités qui permettent de transmettre la culture et les valeurs sociales.
Nos enfants sont les futurs acteurs de notre territoire. Ils doivent apprendre à vivre dans cette interculturalité dans laquelle nous baignons, ils vont devoir traverser l’océan pour aller étudier, travailler ou vivre ailleurs. Pensons la société commune laquelle nous voulons pour nos enfants ! Nous devons arriver à construire avec et pour eux une société de la responsabilité, du dialogue et solidaire. Nous savons maintenant comment enterrer l’ignorance et la violence. l’éducation, l’accompagnement de nos enfants doit redevenir notre préoccupation et notre priorité partagées dans ce territoire. Il est urgent que les élus locaux et les institutions de l’état soutiennent sérieusement les actions des acteurs éducatifs à un tout autre niveau.
Le développement de l’île a engendré, ici et là des phénomènes sociaux. Les bidonvilles, les cases en tôle construites dans des lieux qui isolent les familles et les enfants des espaces de vie sociale. L’éducation s’adresse à tous, comment les toucher ? Bien sûr de gros nouveaux moyens doivent être trouvés et déployés pour tous !
Archimède SAÏD RAVOAY
Citoyen de Kani Kéli
Crédits photos : Ceméa Mayotte et Flash Infos Mayotte